Docteur Mohamed Kassab est un nom bien connu de tous les Tunisiens. L’institut d’Orthopédie de Kassar-Saïd dont il a lui même dessiné les premières esquisses porte fièrement son nom. A Partir des témoignages exclusifs que nous avons recueillis et des références documentaires qui nous ont été fournies par sa famille, par ses élèves et par confrères nous avons pu remonter l’itinéraire de cette grande figure de la médecine tunisienne, fondateur d’une propre école dont la réputation a largement dépassé nos frontières.
Jamais la publication de travaux scientifiques, et notamment sur des revues majeures anglo-saxonnes, n’a été aussi importante qu’à l’époque où le Professeur Mohamed KASSAB dirigeait le service d’Orthopédie de l’hôpital Kassar- Saïd.
Pour en témoigner, voici les titres de ces travaux scientifiques que vous pouvez consulter en cliquant-ici !
Vertebral hydatidosis and paraplegia.
Karray S, Zlitni M, Fowles JV, Zouari O, Slimane N, Kassab MT, Rosset P.
J Bone Joint Surg Br. 1990 Jan;72(1):84-8
Elbow dislocation with avulsion of the medial humeral epicondyle.
Fowles JV, Slimane N, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Br. 1990 Jan;72(1):102-4
Observations concerning radial neck fractures in children.
Fowles JV, Kassab MT.
J Pediatr Orthop. 1986 Jan-Feb;6(1):51-7.
Untreated intra-articular entrapment of the medial humeral epicondyle.
Fowles JV, Kassab MT, Moula T.
J Bone Joint Surg Br. 1984 Aug;66(4):562-5.
Untreated posterior dislocation of the elbow in children.
Fowles JV, Kassab MT, Douik M.
J Bone Joint Surg Am. 1984 Jul;66(6):921-6.
The Monteggia lesion in children. Fracture of the ulna and dislocation of the radial head.
Fowles JV, Sliman N, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Am. 1983 Dec;65(9):1276-82.
Pott’s paraplegia: a clinical review of operative and conservative treatment in 63 adults and children.
Moula T, Fowles JV, Kassab MT, Sliman N.
Int Orthop. 1981;5(1):23-9.
Displaced fractures of the medial humeral condyle in children.
Fowles JV, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Am. 1980 Oct;62(7):1159-63.
Epidemiological study of congenital dislocation of the hip.
Sliman N, Kassab MT, Mrabet F.
Tunis Med. 1980 Jan-Apr;58(1-2):406-9. French. No abstract available.
Tibial defect due to acute haematogenous osteomyelitis: treatment and results in twenty-one children.
Fowles JV, Lehoux J, Zlitni M, Kassab MT, Nolan B.
J Bone Joint Surg Br. 1979 Feb;61(1):77-81.
Untreated scoliosis in the adult.
Fowles JV, Drummond DS, L’Ecuyer S, Roy L, Kassab MT.
Clin Orthop Relat Res. 1978 Jul-Aug;(134):212-7.
The treatment of idiopathic scoliosis in Tunisia. A review of the first five years.
Fowles JV, Sliman N, Nolan B, Kassab MT.
Acta Orthop Belg. 1978 May-Jun;44(3):416-23. No abstract available.
Osteomyelitis, septic arthritis and cortisone. A problem of mistaken diagnosis.
Fowles JV, Kassab MT, Younge D.
Acta Orthop Belg. 1977;43(6):795-800. No abstract available
Treatment of congenital dislocation of the hip by Salter’s innominate osteotomy. Study of the first 40 cases operated on at the Orthopedic Institute, Kassar Said, Tunisia.
Bertrand A, Trimingham JL, Fowles JV, Kassab MT.
Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot. 1975 Dec;61(8):735-49. French
Observations concerning fractures of the lateral humeral condyle in children.
Jakob R, Fowles JV, Rang M, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Br. 1975 Nov;57(4):430-6. Review.
Irreducible supracondylar fracture of the humerus in children. A report of two cases.
Elstrom JA, Pankovich AM, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Am. 1975 Jul;57(5):680-1. No abstract available
Displaced supracondylar fractures of the elbow in children. A report on the fixation of extension and flexion fractures by two lateral percutaneous pins.
Fowles JV, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Br. 1974 Aug;56B(3):490-500. No abstract available
Fracture of the capitulum humeri. Treatment by excision.
Fowles JV, Kassab MT.
J Bone Joint Surg Am. 1974 Jun;56(4):794-8. No abstract available
Scoliosis during the developmental period. Classification, treatment and preliminary results.
Fowles JV, Kassab MT, Klassen RA.
Tunis Med. 1972 Jul-Aug;50(4):247-62. French. No abstract available
A fracture of the internal condyle of the humerus in a child. Diagnosis and treatment. A propos of one case.
Fowles JV, Kassab MT.
Tunis Med. 1972 May-Jun;50(3):189-91. French. No abstract available.
Biographie
Mohamed Taieb Kassab est né le 4 juin en 1926 à Tunis. Son père était typographe à la “Dépêche tunisienne” (journal). Il avait trois frères et trois sœurs. Son frère cadet, Ridha, occupait les fonctions de chercheur en biologie moléculaire au CNRS en France et est à l’origine de nombreux travaux de grande valeur scientifique.
Élève puis lycéen au collège Sadiki, Mohamed Kassab décroche son bac en 1945. Inscrit à la faculté de Médecine de Paris en 1946, il fait de brillantes études, puis réussit le concours d’externat des hôpitaux de Paris en 1951 et d’internat en 1955.
Il soutient en 1961 sa de thèse de Doctorat en médecine intitulée : ” Le rétablissement de la continuité osseuse par homogreffe massive après résection des lumières diaepiphysaires du membre inférieur”.
Après quatre années d’internat passées à Paris auprès d’éminents spécialistes, le jeune chirurgien bénéficie en 1960 d’une bourse délivré par l’Organisation Mondiale de la Santé pour séjourner durant un an à Londres. Cela lui a permis d’approfondir ses connaissances, notamment en matière de chirurgie prothétique.
La consécration
Au terme de ce stage fructueux, il est nommé chef de clinique dans le service de son Maître le Professeur Robert Merle d’Aubigné (Fondateur de l’Orthopédie Française) ou il restera trois ans. Dr Kassab dira plus tard dans un document personnel : “… les principes de ce grand Maître et de ses collaborateurs devaient marquer ma conception de la chirurgie“. Son brillant parcours comme Interne des Hôpitaux de Paris puis Chef de Clinique à l’Hôpital Cochin l’avait doté d’un solide bagage, le préparant déjà à fonder en Tunisie, un centre dédié à la chirurgie orthopédique et traumatologique.
En 1964, fort d’une grande expérience en chirurgie, il décide alors de rentrer définitivement en Tunisie pour créer le premier service de chirurgie orthopédique et traumatologique à l’hôpital Ernest Conseil (actuellement La Rabta). Et commence alors une grande épopée médicale d’un homme d’exception.
Le bâtisseur
Dans son service, le nouveau patron recevait même les chirurgiens stagiaires Américains, Canadiens et Européens qui venaient apprendre et aider au fonctionnement de cette nouvelle unité.
Son épouse Zeineb Dellagi Kassab, témoigne que cette période de la carrière du Dr Kassab fut difficile et exigea une disponibilité totale. Ce que le jeune chef de service acceptait avec courage et volonté, sans jamais se plaindre.
En 1971, le Dr Kassab réalisa un grand rêve : créer un centre tunisien d’orthopédie, doté d’une unité moderne d’appareillage et de rééducation. Fondateur et directeur de ce premier centre médical du genre en Afrique.
Dr Kassab qui en a supervisé lui-même les travaux, dira lui-même, que l’idée de créer ce centre était lancée à partir de 1958 et devenait presque une hantise, du fait même de l’existence à l’époque d’enfants atteints de séquelles de poliomyélite. La mise en oeuvre de cette idée a mis beaucoup de temps et a exigé outre l’engagement tunisien, la participation de l’UNICEF et du gouvernement français.
A partir de 1971, le nouveau patron du nouveau centre orthopédique de Kassar-Said s’employa aussi à encourager la création d’autres services d’orthopédie à travers le pays. Le premier service ouvert sera celui de l’hôpital Aziza Othmana, dirigé par le professeur Moncef Dargouth. Suivirent ensuite ceux de Sousse (1978) et de Sfax en 1982. Parmi ses disciples, il faut citer les Professeurs Taoufik Moula, Nouredine Slimane, Mongi Douik, Mongi Zlitni, Moncef Ben Abid, Taieb Litaiem, Maher Ben Ghachem et les regrettés Hichem Bahri et Tijani Meddeb.
Sa notoriété et son savoir-faire lui ont valu d’être l’auteur d’importants articles scientifiques publiés par plusieurs revues spécialisées, notamment anglo-saxonnes, et françaises. Devenu un pionnier dans son domaine et une référence internationale incontournable, le Dr Kassab posera d’autres jalons en vue de promouvoir la spécialité, notamment en Tunisie. Il sera à la fois fondateur et Président de la Société Tunisienne d’Orthopédie Traumatologie (SCOTCOT) et de l’association Générale des Insuffisants Mentaux (AGIM) créée en Août 1973. A rappeler qu’il était, déjà en 1962, membre de la Société Française d’Orthopédie et de Traumatologie et membre de bien d’autres sociétés savantes européennes.
En mission en décembre 1986 à Niamey, au Niger, pour superviser la création d’un centre d’orthopédie, il fut victime d’une ischémie (interruption de l’irrigation sanguine) au niveau d’une jambe, le jour de son arrivée.
Il fut alors opéré sur place à deux reprises puis transféré à Paris le 11 décembre 1986 dans le service de réanimation de l’hôpital Saint Joseph ou il décédera le 25 décembre 1986, à l’âge de soixante ans.
La reconnaissance
Tout le peuple tunisien, sans aucune distinction, a exprimé sa douleur et sa peine lors du décès du Docteur Kassab. Une foule innombrable a été en effet présente en ce jour du 30 décembre 1986 afin de rendre hommage à l’un des siens : l’enfant de Bab Souika. Comment ensuite ne pas évoquer les témoignages de sympathie de tous les confrères du défunt et de la sincère sollicitude des autorités tunisiennes.
Le spectacle de cette unanimité dans l’expression de la gratitude et de la reconnaissance témoignait, sans aucune ambiguïté, de la place qu’occupait le Dr Mohamed Kassab dans les cœurs de ses concitoyens et de l’importance de l’oeuvre accomplie au profit de son peuple.
Article paru dans la revue Sciences Plus, Souvenance par Samira Hamada
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1986, 2006, 20 ans déjà !
Vingt ans que feu le Professeur Mohamed KASSAB nous a quitté. Vingt ans, c’est beaucoup et pourtant c’est comme si c’était hier, tant le choc de sa disparition est encore présent, tant il fut important, par sa soudaineté, et par le vide que ce grand homme a laissé derrière lui…
Mais Mohamed KASSAB est toujours parmi nous, tant son évocation, celle de souvenirs d’épisodes de sa vie et de ses prises de position en faveur du malade, sont quotidiennes.
Son exemple est unique par sa rigueur morale et scientifique, par son dévouement pour le bien et la cause du patient et par sa lutte quotidienne contre deux fléaux : l’ignorance et la médiocrité. Ses élèves se posent toujours aujourd’hui cette question, face à un problème quelconque : qu’aurait dit et qu’aurait fait Mohamed KASSAB.
Lui qui nous a quitté en mission humanitaire dans le but de superviser la création, au Niger en Afrique, d’un centre pour handicapés. Le devoir de mémoire nous incombe à tous, pas seulement à sa famille, mais à l’ensemble de la communauté médicale afin de pérenniser son œuvre, si importante, gigantesque, à une époque où la Tunisie avait moins de moyens.
Pourtant, cet homme a été visionnaire par la création d’un centre spécialisé, véritable école de Chirurgie Orthopédique, permettant au début de son action, le traitement des séquelles de maladies, aujourd’hui éradiquées, comme la Polio. Son combat acharné et permanent pour la reconnaissance de l’handicapé en tant que citoyen à part entière par la création d’une association dédiée à l’insuffisant moteur.
Que Dieu bénisse ce chirurgien visionnaire et ce bienfaiteur de l’humanité.
C’est Vrai, 20 ans c’est long tant cet homme nous manque.
Par Mourad Kassab